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Rapport « Sortir de la dépendance énergétique avec la Russie »

L’essentiel
Suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Union Européenne a mis en place des sanctions financières, notamment un embargo sur les importations d’énergies fossiles en provenance de Russie.
Cette situation a mis en avant la dépendance énergétique des pays européens, notamment la France qui importe 99 % de sa consommation d’énergie fossiles, à d’autres pays dont la Russie qui est le 3ème plus grand producteur de pétrole brut.
Dans un contexte de situations géopolitiques instables, de changement climatique et de réserves d’énergie fossiles qui s’amenuisent, il est nécessaire de repenser notre usage énergétique.
L’Agence internationale de l’énergie a déjà pensé un ensemble de mesures qui suivent une logique de sobriété : plusieurs d’entre elles à effet immédiat permettraient de réduire considérablement la consommation de pétrole et de gaz naturel de la France, limitant ainsi notre dépendance énergétique.
Contexte
Le 24 février 2022, l’armée russe débutait son invasion de l’Ukraine, menaçant dès lors la stabilité et la paix en Europe. Les exportations de combustibles fossiles (pétrole, gaz et charbon) vers l’Union européenne constituent une source indispensable de financement des opérations militaires russes en Ukraine.
Depuis plusieurs mois, afin de ne plus financer indirectement le conflit et d’agir librement, l’Union européenne, et par extension la France, a pris la décision de frapper pour la première fois le secteur énergétique russe en proclamant un embargo complet sur le charbon, puis un embargo partiel sur le pétrole.
Cette crise énergétique européenne, accentuée par le conflit en Ukraine, peut constituer une opportunité sans précédent pour la France et l’Union européenne de réduire leur dépendance aux énergies fossiles, et donc de renforcer leur autonomie énergétique tout en accélérant la transition bas-carbone du continent.
La Russie est le 3ème pays fournisseur de pétrole de la France (environ 13 % des importations) et le 2ème pays fournisseur de gaz (environ 20 %) | La France importe 99 % des combustibles fossiles consommés sur son territoire | Selon l’Agence Internationale de l’Énergie, la France pourrait se passer durablement de 96 % du pétrole et de 40% du gaz russes en seulement 1 an |
Objectifs
Un an après l’invasion de l’Ukraine, ce rapport explore le degré de dépendance physique de la France à la Russie mais aussi les solutions rapides, efficaces et durables qui pourraient permettre à la France de se passer du pétrole et du gaz russes.
Méthodologie
L’année de référence choisie est l’année 2019, 2020 étant marquée par la pandémie de COVID-19 qui a fortement perturbé les habitudes de consommations. Les chiffres présentés dans ce rapport proviennent de diverses sources :
- Quantification physique des volumes d’importations d’énergie (France et monde) : Eurostat
- Volume total de production et de consommation d’énergie (France et monde) : BP (notamment l’édition 2022 de la Statistical Review of World Energy), U.S. Energy Information Administration (EIA) et Commission européenne
- Détail de l’utilisation de l’énergie importée jusqu’à la consommation finale (France) : rapport annuel « Chiffres clés de l’énergie » réalisé par le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et le Service des données et études statistiques (SDES) du ministère.
Des écarts minimes peuvent être constatés entre les données issues d’Eurostat et les autres sources statistiques citées. Ces différences restent cependant marginales et ne remettent pas en cause l’analyse et les ordres de grandeur exposés dans le rapport.
Afin de pouvoir comparer les différentes sources d’énergie entre elles et de faire le lien avec l’énergie consommée, les auteurs de ce rapport ont choisi d’exprimer les quantités importées en térawattheure (TWh). Également, toutes les sources d’énergie étudiées sont converties en tonne équivalent pétrole (tep).
Recommandations
- Dans un premier temps, réorienter les approvisionnements : la Russie fournit 13 % du pétrole et 20 % du gaz naturel importés en France. La France pourrait donc diminuer les parts de la Russie au profit des autres pays auprès de qui elle se fournit déjà. Les auteurs alertent toutefois sur les augmentations de prix que ces réorientations pourraient entraîner pour l’utilisateur final, ainsi qu’à l’augmentation des délais de livraison dans le cas du gaz, en plus de la dépendance qui est simplement déplacée sur d’autres pays.
- A plus long terme, la réduction de l’utilisation des énergies fossiles : les réserves d’énergies fossiles s’amenuisent. Les auteurs préconisent donc de penser des stratégies de décarbonation, d’amélioration de l’efficacité énergétique et de sobriété énergétique. Pour ce dernier point, la mise en place de certaines mesures à effet immédiat formulées par l’Agence internationale de l’énergie sur le transport et le chauffage permettraient de se passer de 96 % du pétrole et de 40 % du gaz naturel importés de Russie.