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Comment le Shift Project et les Shifters intègrent-ils l’économie dans leurs travaux et leur approche ?
Nous partons d’une vision physique de l’économie : nous l’analysons d’abord à travers les flux physiques qui la constituent (matières, énergie, distance, émissions de gaz à effet de serre etc.) et ce que les gens font de leur temps (comportements, emplois etc.). Cette approche permet une meilleure appréhension de la “double contrainte carbone” (réchauffement climatique et épuisement des ressources énergétiques fossiles), appelant une coordination de l’ensemble des acteurs de la société.
D’un point de vue physique, toute activité de production n’est qu’un ensemble de “transformations”, que la notion d’énergie sert à mesurer. Dès lors, pour produire des biens et services, nos sociétés humaines “transforment”, ou plus précisément, elles extraient, travaillent et déplacent des ressources énergétiques, minérales ou biologiques puisées dans l’environnement. L’augmentation récente de tous les flux physiques qui servent de base à l’activité productive a joué un rôle de premier ordre dans l’expansion économique, sociale et démographique des sociétés humaines actuelles.
Aujourd’hui, les flux énergétiques sont très majoritairement d’origine fossile (près de 80%). Toute activité productive qui en dépend et ne parviendrait pas à recourir à temps à un substitut équivalent non fossile sera affectée par la double contrainte carbone. Une description par les flux physiques de notre économie permet donc de mieux comprendre comment celle-ci s’approche de zones de contraintes physiques (contraintes d’approvisionnement d’énergie ou de matières, contraintes sur le transport d’énergie et de matières, destructions physiques d’installations par des aléas climatiques, etc.).
Ainsi, dans nos travaux, toutes évaluations de solutions ou analyses économiques (analyses de la valeur, leviers financiers, évaluations socio-économiques, modélisations macro-économiques…) ne peuvent être engagées qu’une fois une certaine crédibilité vérifiée sur le plan physique. En effet, les flux monétaires, étudiés seuls, peuvent donner une vision incomplète des enjeux énergie-climat et des problématiques associées.
Cela explique pourquoi, le plus souvent, nous ne nous intéressons pas tant à l’économie sous la forme d’« euros », de « croissance » ou de « dette », mais plutôt sous la forme de « métiers », de « personnes », de « tonnes », et de « joules ». Nous estimons que la question « Combien ça coûte aujourd’hui ? » ne tranche pas le débat, ni dans un sens ni dans l’autre, pour savoir ce qu’il est possible et/ou pertinent de faire, qui la question à laquelle Shift et Shifters répondent en premier lieu.